YOO HYE-SOOK
2005 PARISCOPE
Tif.....
par Alexandre Grenier, pariscope, 2005
Ce qui est fascinant chez cette jeune Coréenne c'set l'étroitesse du thème récurrent. Toujours le même. Le cheveu. Pas de quoi en couper un en quatre et pourtant ses oeuvres sont d'une envoutante beauté. Des cheveux noirs, presque des monochromes. Arrière le blondinet, la brunette, le rouquin. Du noir de jais, asiatique sûrment, la finesse ne trompe pas et la plastique de la chose étonne le regard. On regarde de près d'abord pour bien s'assurer qu'il n'y a pas là photo. Y a pas photo, c'est bien du crayon et du fusain. La technique est éprouvée, on sent bien qu'il y a là un travail artistique, un travail sur la patienete, l'application, la volonté, le travail remis sans cesse sur la pointe de crayon. Harassant, forcément. Mais à quoi pense-t-on lorsque l'on passe des heures à dessiner cheveu après cheveu des portraits de tête vu de dos? Car c'est bien de cela qu'il s'agit de portrait. Comme si chacun de dos avait une empreinte capillaire qui le défini autant que ses traits faciaux. Pas deux pareils, tous les mêmes pourtant. Puis en approfondissant la chose notre jeune artiste nous en apprend plein sur sa manie, sur son travail avec « des moyens limités ». « J'aime la pauvreté » dit-elle en accrochant la richesse de ces nattes et de ces raies au cordeau, routes sans fin dans la jungel des cheveux. Et puis elle avoue aussi être étonnée par le silence de cette pousse à chaque instant comme une graine plantée là par l'espèce et qui se développe contenant en elle tous les gènes de la mémoire. Le cheveu plante sa racine dans notre moi le plus profond... Et filant ses traits bien peignés, Yoo Hye-Sook réfléchit sur l'espèce humaine... Aussi tranquillement que ça, sans se faire apparemment de cheveux blancs.